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QU’EST-CE QUE LE SATANISME ?

06-08-2024 21:01

Civitas International

QU’EST-CE QUE LE SATANISME ?

La cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Paris en 2024 a provoqué de nombreuses réactions, celle-ci a même été jugée comme "satanisme"

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Qu'est-ce que le satanisme ?

La cérémonie d’ouverture des jeux olympiques de Paris en 2024 a provoqué de nombreuses réactions, notamment de chrétiens qui ont estimé que certaines scènes étaient sacrilèges à l’égard de la religion de Jésus Christ. En particulier, il a été jugé que cette manifestation était « empreinte d’occultisme et de satanismei ». Mais sait-on ce qu’est le satanisme en réalité ?

 

Le mot satanisme est attesté depuis la fin du XVe siècle, mais il est rarement usité avant le XVIIIeii. Dans son Dictionnaire universel « contenant tous les mots françois, tant vieux que modernes », publié chez Arnout & Reignier en 1690iii, Antoine Furetière définit Satan, mais pas le satanisme, ce qui confirme que le mot n’était répandu en France ni à la fin du XVIIe siècle ni auparavant. Un peu moins de deux siècles plus tard, dans son Dictionnaire de la langue française paru entre 1863 et 1873, Emile Littré n’évoqua pas davantage le satanisme, mais introduisit cependant l’adjectif satanique pour désigner « qui a le caractère de Satan, le chef et le pire des démonsiv ». Le Larousse du XXe siècle, dans son édition de 1933, indiqua expressément que le satanisme est un nom masculin, dont le premier sens désigne le « caractère de ce qui est satanique v », et dont le second sens est défini comme étant le « culte de Satan », synonyme de Luciférismevi.

 

Depuis les temps les plus reculés, les hommes ont acquis la conscience du bien et du mal, et opposé des entités bienveillantes, garantes de l’harmonie universelle, à des entités malveillantes, destructrices et précipitant l’ordre du monde dans le chaos. Dans la tradition hébraïque, le texte biblique mentionne Satan pour la première fois dans le Livre de Job, où il est dénoncé comme la cause de la chute et de la ruine de l’humanité. Mais c’est surtout dans le Nouveau Testament, et particulièrement dans l’Apocalypse, que Satan apparaît comme « le chef des anges rebelles, le tentateur qui prit autrefois la forme du serpent, et l’adversaire de Dieu, qui combat contre son Eglise vii ». Du point de vue de la théologie catholique, Satan, dont le nom signifie le calomniateur, l’ennemi ou encore le mauvais, désigne donc un ange déchu pour s’être rebellé contre Dieu par orgueil, et devenu le chef de tous les anges déchus appelés démons. D’une nature supérieure à l’homme, les démons exercent leur puissance dans le monde. Ils s’efforcent de porter les hommes au mal en usant de la tentation. Ils peuvent jeter un trouble dans les facultés humaines grâce à l’obsession ou à la possession. Ils ont aussi la

faculté de produire des prodiges sur la nature matérielle. Ils s’emploient enfin à ruiner l’Eglise de Dieu qui les combat au moyen de la prière, des bénédictions liturgiques et des exorcismes viii.

 

Le satanisme peut donc être défini comme le culte que certains hommes rendent à Satan. Mais pourquoi rendre un culte au chef des démons ?

 

Un exemple médiéval peut être recherché dans la vie de Gilles de Rais. Ce noble capitaine, cultivé, mécène, héros de la guerre de Cent ans et compagnon de Jeanne d’Arc, indiqua à son procès comment il était venu aux crimes qui le conduisirent au satanisme : « Me trouvant d’aventure dans la bibliothèque du château de Champtocé, je trouvai un livre latin de la vie et des mœurs des Césars de Rome, écrit par un savant historien du nom de Suétone. Ce livre était orné d’illustrations évoquant avec réalisme les débordements de ces empereurs païens, et je lus en cette belle histoire comment Tibère, Caracalla et autres s’adonnaient à la sodomie avec les enfants et prenaient un singulier plaisir à les martyriser. C’est pourquoi je voulu imiter ces empereurs, et, le soir même, j’accomplis ces crimes en suivant la leçon que m’en donnaient les illustrations du livre ix ». Lors du même procès, un complice ajouta que « Gilles ne pouvait pas faire ce qu’il avait commencé d’entreprendre sans offrir au diable les pieds, ou les mains des petites victimes x ». Plus loin, Gilles de Rais déclara qu’il avait fait venir de Florence un jeune homme, habile à évoquer les démons : « Il m’a affirmé que dans le pays d’où il venait, il avait trouvé moyen de faire venir par conjuration un esprit démoniaque qui se nommait Barron et autant de fois qu’il le voulait xi ». Le procès montra que Gilles de Rais s’était livré au satanisme dans le but d’une part de satisfaire ses instincts les plus dépravés, et d’autre part de rentrer en meilleure fortune après qu’il eut dilapidé ses richesses. Dans ce cas, le satanisme fut renoncement au Salut de l’âme et à la vie éternelle en échange des plaisirs de la chair et dans l’espoir d’acquérir les biens de la terre.

 

Un autre exemple, emprunté aux temps modernes, permet de découvrir les rituels satanistes pratiqués par l’abbé Guibourg et sa compagne, Catherine Lavoisin. Ici, un prêtre défroqué, Etienne Guibourg, élabora des rituels copiant et inversant les pratiques chrétiennes. Après avoir retiré le caractère sacré d’objets volés dans une église, l’abbé Guibourg officiait dans une salle aux murs drapés de noir devant un autel représenté par une femme nue. La liturgie consistait en une messe inversée où les mots « Dieu » et « Bien » étaient remplacés par les mots « Satan » et

« Mal ». S’ensuivaient des pratiques sexuelles et sacrificielles sauvages : « La cérémonie commence avec le sacrifice d’un enfant au moment où le célébrant offre l’hostie afin que le sang soit mêlé à celui du calice. L’offrande est faite aux démons Astaroth et Asmodée réputés propices à l’apparition du diable xii ». On constate ici qu’une parodie de la Sainte messe était venue d’ajouter aux déviances déjà observées chez Gilles de Rais. On retrouve les moyens dont les démons peuvent user sur la terre : tentation, obsession, recherche de prodiges matériels, ruine de l’Eglise de Dieu.

 

Au XXe siècle, le satanisme fut porté par deux occultistes : le magicien noir Aleister Crowley et le « pape noir » Anton LaVey. Dans un livre intitulé The book of law (Le Livre de la loi), Crowley développa un satanisme théorique et pratique fondé sur la négation de Dieu. LaVey créa la Church of Satan (l’Eglise de Satan) et rédigea la Satanic Bible (Bible satanique). Le but ultime de ces doctrines consiste toujours à permettre aux adeptes, invités à être leurs propres dieux, de réaliser leurs désirs tant matériels que sexuels.

 

Comment le satanisme se manifeste-t-il aujourd’hui ?

 

Moqué par les uns, dénoncé par les autres, le phénomène sataniste aujourd’hui est jugé suffisamment sérieux en France pour avoir amené la Mission Interministérielle de Lutte contre les Sectes (MIVILUDES) à rédiger plusieurs rapports sur le sujet en mettant en évidence un risque de dérive sectairexiii. La Mission distingue un satanisme « doctrinal défini comme l’adoration ou la vénération, de la part de groupes organisés sous la forme de mouvements, à travers des pratiques répétées de type cultuel ou liturgique, du personnage appelé, dans la Bible, Satan ou le diablexiv », d’un satanisme « amateur ». Les sources du satanisme doctrinal sont explicitement lucifériennes, mais peuvent aussi être issues du mouvement Wiccan. Le satanisme amateur réaliserait une forme de syncrétisme entre doctrine sataniste, néonazisme, néopaganisme, ésotérisme, astrologie, pornographie, pédophilie… Nombre de groupuscules ne sont pas déclarés, ce qui rend difficile leur recensement. Il existe cependant une « Fédération sataniste française », dont le site internet comporte clairement une « liste noire » où figurent, pêle-mêle, l’islam, mais aussi des organisations telles que la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, Chrétienté-Solidarité, l’AGRIF, Contre-Réforme Catholique, ICTUS, SOS-tout petit, l’Association pour la promotion de la famille, l’Opus dei, Provie, Renaissance catholique ou encore les Scouts

d’Europe. On remarque qu’à l’inverse de l’islam, le catholicisme dans son ensemble ne figure pas dans cette liste.

 

L’imaginaire sataniste se manifeste également dans divers univers tels que le gothisme, le mouvement musical metal ou contre-culture Hells. Selon un rapport de la MIDILUVES, « la mouvance metal inquiète les citoyens et les responsables politiques à plusieurs niveaux, en raison des liens qui peuvent se tisser entre audition de musique metal et passage à l’actexv ». Le gothisme développe pour sa part une esthétique marginale privilégiant la couleur noire, les tatouages, piercings et maquillage participant à une mise en scène ténébreuse et morbidexvi. On y trouve en particulier des silhouettes androgynes arborant des pentagrammes ou des croix tête en bas, symbole de l’antéchrist. Pour ce qui les concerne, les Hells ou Hells Angels s’expriment en chevauchant de lourdes motos, mais arborent des signes et symboles qu’on peut rattacher au satanisme : références au diable, aux plaisirs sexuels, à la violence ou à la mort, voire à l’Allemagne impériale ou nazie. En France, les Hells Angels font l’objet d’une forte vigilance des pouvoirs publics.

 

Aujourd’hui, les pratiques satanistes reposent sur une « désacration » des objets de culte, sur des invocations aux démons, sur l’utilisation de sécrétions humaines telles que le sang, la salive ou le liquide séminal. Trois niveaux de rituels existent : le rituel de compassion, visant à s’accomplir par la magie ; le rituel sexuel, destiné à faire naître dieu en soi ; le rituel de destruction, utilisé pour détruire psychiquement une personne. Majoritairement déviantes, ces pratiques ont parfois des conséquences psychologiques ou physiques désastreuses. Enfin, il y a lieu de mentionner la fascination pour la mort qui peut se manifester à travers des profanations de sépultures, mais aussi à travers les messes noires et les messes rouges, les messes rouges étant plus violentes et plus fréquentes.

 

Comment combattre le satanisme au XXIe siècle ?

 

Le satanisme existe, et ses manifestations sont régulièrement constatées sous des formes très diverses. Le but poursuivi par les adeptes est toujours le même. Il est d’abord matérialiste en ce sens qu’il invite à profiter autant que possible des biens et des plaisirs terrestres. C’est une voie de facilité, permettant de repousser toujours davantage les limites, jusqu’à la transgression et au-delà. Le but poursuivi est ensuite déviant. La déviance est exprimée par l’aspect extérieur, par

la vêture, par les bijoux, la recherche de l’androgynie. Le but poursuivi est enfin antichrétien. L’antichristianisme est manifesté à travers la désacralisation des symboles et rituels religieux, puis à travers la parodie et enfin par le biais de l’inversion, le Mal remplaçant le Bien, le prince de ce monde s’efforçant de supplanter le Roi du Ciel.

 

Comment combattre le mal ? De même que le satanisme use des pouvoirs attribués aux démons de tenter, d’obséder, de posséder, de réaliser des prodiges illusoires et de ruiner l’Eglise de Dieu, les Catholiques peuvent s’appuyer sur les pouvoirs de l’Eglise pour combattre le satanisme. D’abord en fuyant les tentations. Ensuite en pratiquant la prière régulièrement et avec assiduité. Encore en fréquentant la Sainte messe. Enfin en s’instruisant pour améliorer sa connaissance de la religion enseignée par Notre Seigneur Jésus Christ et pour fortifier sa foi.

 

André Murawski – 5 août 2024

 

i https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/jo-paris-2024-entre-deviance-256064

ii Nouveau Dictionnaire étymologique et historique, Larousse, 1964

iii Le Dictionnaire universel d’Antoine Furetière, SNL – Le Robert, Paris 1978

iv Emile Littré, Dictionnaire de la langue française, Encyclopaedia Britannica Inc., Chicago, 1994

v Larousse du XXe siècle, Larousse, 1933

vi Larousse du XXe siècle, Larousse, 1933 

vii Larousse du XXe siècle, Larousse, 1933

viii Larousse du XXe siècle, Larousse, 1931

ix Michel Hérubel, Gilles de Rais, Librairie Académique Perrin, 1982

x Michel Hérubel, Gilles de Rais, Librairie Académique Perrin, 1982

xi Michel Hérubel, Gilles de Rais, Librairie Académique Perrin, 1982

xii Paul Ariès, Satanisme et Vampyrisme, Le Livre noir, Editions Golias, Villeurbanne, 2004

xiii https://www.miviludes.interieur.gouv.fr/publications-de-la-miviludes/guides/le-satanisme-un-risque-de-d%C3%A9rive-sectaire

xiv Massimo Introvigne, Enquête sur le satanisme : satanistes et antisatanistes du XVIIe siècle à nos jours, Dervy, 1997

xv https://www.miviludes.interieur.gouv.fr/publications-de-la-miviludes/guides/le-satanisme-un-risque-de-d%C3%A9rive-sectaire

xvi https://www.miviludes.interieur.gouv.fr/publications-de-la-miviludes/guides/le-satanisme-un-risque-de-d%C3%A9rive-sectaire

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